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Le Concept de Bientraitance Dr Alain POUHET « Extrait »

Posted on Jan 25, 2014 by in Non classé

Le Concept de Bientraitance Dr Alain POUHET « Extrait »

En discutant avec différents parents d’enfants dys, je me rends compte que la « maltraitance » envers ces enfants n’est pas reconnue. Pourtant, elle existe et passe inaperçue aux yeux des parents et des enseignants.

Ce texte du Dr Alain Pouhet est tiré d’un de ses articles « Le Concept de Bientraitance au secours des Dys » (novembre 2010).

Il me tient à coeur de le diffuser. 

Vous pouvez le retrouver dans son intégralité en suivant le lien

 https://b74ccbcf-a-62cb3a1a-s-sites.googlegroups.com/site/dralainpouhet/pour-les-enseignants/LeconceptdeBientraitance.pdf?attachauth=ANoY7co78Gs4Pz6Q88oq1xEE9a7hE1VmfjGyDA4lR8hnuMrKwGppkyVk_HZuykifVMvqpAe7I5jWGvcCNvNFUmEU_DpP1g8wgGZ6Av0zUjjKmZZJrmBWWS9qhqr0PRH7ddTrwMZzwJFgD4qT-u-u4gi9ZYG5VKdXAMR6pB2eB7jBWp7SGTFpFQOp-QkAj1aNkmmjTH-BuJG77GpPDPVAq2CZQjf9sYK5–5st2T_UtdmRHd__FDFz0F-559VHEjSCoYywWUxJkiq&attredirects=0

Bonne lecture!

Le concept de bientraitance au secours des DYS.

Dr. A. POUHET – Novembre 2010

EXTRAIT

 

 

« Le concept dit de « bientraitance » s’impose aujourd’hui comme une alternative efficace pour anticiper et prévenir diverses situations de maltraitance.

Au lieu d’avoir à repérer et d’avoir à gérer des situations dommageables à la personne, il est préférable d’amener des éléments de réflexions aux personnes susceptibles d’exercer (volontairement ou à leur insu) une maltraitance envers autrui.

L’enfant différent, handicapé, les enfants DYS, sont des personnes parfois dépendantes, souvent vulnérables, toujours potentiellement exposées à la maltraitance de la part des adultes (enseignants, médecins, rééducateurs, AVS, parents…) ou bien de leurs pairs. Souvent, sans rien pouvoir en dire et sans rien pouvoir en faire.  

Les équipes de SESSAD (service de soins spécialisés et d’éducation à domicile) sont parfois les témoins involontaires de tels comportements qu’elles jugent inadéquats.

A cet instant, si certaines de ces attitudes s’avèrent de réels comportements de maltraitance, comment sortir du sentiment d’impuissance que nous ressentons alors habituellement ?

Au-delà des comportements répréhensibles au sein de l’EN (enseignant, AVS ou autre personnel…), il faut sans ambiguïté mentionner qu’il existe également et très clairement, des parents, des professionnels (médecins, paramédicaux, psychologues, personnels municipaux de cantine, et/ou de garderie, ces derniers étant le plus souvent quasi exclus de toutes les instances où les infos circulent…) qui exercent une forme de maltraitance néfaste à l’épanouissement du jeune. Ces personnels sont tout aussi condamnables. Les personnes qui maltraitent, le plus souvent, n’en ont pas conscience mais sont bel et bien « hors la loi » et donc justiciables de leurs actes. 

Nous observons fréquemment des difficultés pour concevoir les préconisations énoncées pour essayer de changer la situation des enfants DYS en classe. La compréhension du bien-fondé et donc de la mise en application d’un plan personnalisé de compensation en classe, par l’application du PPS, est encore trop souvent très difficile.

Et devant ce non-respect du projet thérapeutique individualisé motivé et explicité dans le PPS; il m’apparaît nécessaire d’insister sur deux situations, fréquentes pour les enfants DYS mal ou in-compris :

– les violences psychiques

– les négligences passives

 

Ces violences ordinaires faites à l’enfant découlent le plus souvent d’une insuffisance d’information dans les écoles sur la réalité du jeune handicapé, d’une insuffisance de formation initiale des intervenants, d’un manque de communication et d’échanges au sein de l’équipe de proximité, d’un manque d’engagement de l’encadrement des équipes pluridisciplinaires, d’un manque de vigilance des tutelles mais aussi de la loi du silence qui entoure généralement ces situations souvent connues, reconnues, constatées par les autres adultes.

Tous ces éléments auxquels s’ajoutent un manque d’instance de régulation, de personne ressource, de médiateur génèrent mal-être, gêne, angoisse chez l’enseignant et/ou l’AVS insécurisés par cet enfant différent, inconnu, mal compris et cible potentielle de comportements inadéquats.

La direction de tout établissement a une importance capitale, c’est elle qui répartit les moyens, c’est également le garde-fou, elle peut impulser une politique de réflexion et de formation à la bientraitance. Les intérêts des enfants doivent passer avant ceux de l’établissement (soigner son image, sa renommée…)

 

Dans les situations complexes de DYS la bonne volonté, louable en soi, ne suffit pas.

Elle débouche sur la mise en œuvre de solutions de bon sens qui ne marchent pas (plus lire pour mieux lire, plus écrire pour mieux écrire, rabâcher pour mémoriser, …).

Pour sortir de ces pseudo évidences qui ne fonctionnent pas et ainsi s’autoriser à ne plus remettre en cause la bonne volonté évidente de la plupart de ces enfants, il faut, pour pouvoir « raisonner » autrement, être instruit de ses difficultés médicales, causes de ses difficultés scolaires, et adopter une attitude d’empathie, une disposition à priori  3 favorable envers l’enfant et les professionnels extérieurs à l’école pour lesquels expliquer les difficultés de l’enfant est une mission.

Cette attitude positive est la base du concept de bientraitance.  

Les violences psychiques et les négligences passives, même si elles sont rares, sont beaucoup plus fréquentes qu’on le pense !

L’enfant différent, vulnérable, n’a que très rarement les moyens de se plaindre de comportements inadéquats.

L’enfant veut faire plaisir à l’adulte. L’enfant ne veut froisser personne. L’enfant protège les adultes des révélations -pourtant indispensables- dont il saisit confusément qu’elles risquent de déclencher des affrontements d’adultes dont il sera, in fine, la première et seule victime.

L’enfant dépendant de l’adulte, d’une tierce personne, ne peut dénoncer des comportements inadéquats de peur d’être mal entendu et, in fine, encore plus maltraité.  

 Violences psychiques : il n’est pas rare que l’on parle très mal aux enfants en difficultés scolaires, ces violences discrètes sont trop fréquentes.

 Négligences passives : il est très fréquent que l’on ne mette pas en œuvre toutes les aides et procédures dont l’enfant a besoin, pourtant inscrites dans un PPS qui fait LOI, donc obligation de déroger à la règle ordinaire (cf. infra).

 

Pourquoi ?

1. Par méconnaissance grave des difficultés cognitives causales des DYS (ou de la réalité concrète d’un handicap). Cette méconnaissance est liée au travail encore trop souvent non fait, mal ou insuffisamment fait, de la part du monde médical au sens large.

Le manque de connaissance de l’ensemble des pathologies DYS est encore très important. Les réticences à poser des étiquettes (qui ne sont là que pour alerter et indiquer une direction), l’idée de stigmatiser les enfants avec des diagnostics précoces et des aides en classe sont encore très répandues.

2. Il faut investiguer tout enfant intelligent (facteur G préservé) en difficulté scolaire et présenter aux équipes pédagogiques ses points faibles, ses points forts, définir un pronostic scolaire probable (et donc par essence révisable) et ainsi définir l’accompagnement nécessaire pour tenter de réaliser un objectif raisonnable. Et il faut  s’y tenir année après année (bien sûr en s’autorisant de le modifier en fonction de l’évolution réelle, constatée, de l’enfant).

Cela présuppose que l’on accepte d’échanger et de partager sur la réalité de chaque enfant, en incluant les parents dans cette réflexion, et que l’on accepte aussi de se tromper et donc de la nécessité de revenir à une évaluation.

3. Il faut que les enseignants dépassent le bon sens commun pour aller vers le bon sens de la situation de handicap structurel, peu susceptible d’amélioration, peu susceptible de guérison.

Ils ne feront cela que si, et seulement si, quelqu’un ou bien une structure, leur « explique » l’enfant, sa pathologie, les conséquences scolaires, si on les accompagne à faire autrement (et non pas toujours plus de la même chose qui ne marche pas) et si leur hiérarchie les soutient dans ces adaptations nécessaires en mettant en place des conditions d’accueil favorables donc en dégageant les moyens matériels, humains, donc financiers nécessaires.

Les pictogrammes et les signes n’empêcheront jamais un enfant qui doit parler de développer son langage et le seul « bain de langage » n’est pas thérapeutique en soi.

Ecrire à l’ordinateur n’empêche pas de tracer des lettres quand on n’est pas en situation de produire un écrit « suffisamment » rentable, donc écrire plus quand on écrit mal n’est pas thérapeutique en soi. Lire plus parce que l’on lit mal n’est pas non plus thérapeutique en soi et va enfermer l’enfant dans une lecture-compréhension médiocre source de difficultés de plus en plus intenses avec l’augmentation des exigences.

Reprendre un enfant sur son inattention est nettement moins efficace que de le mettre dans une situation-classe qui bannit la distractibilité, les problèmes de mémoire sont bien plus aisés à contourner qu’à rééduquer et faire « finir à la récrée » un enfant hyperactif c’est le mettre en situation difficile à la reprise : il doit toujours pouvoir évacuer son trop-plein d’énergie avec ses copains à la pause…

La dépendance d’un enfant (qui peut être limitée par la pathologie) ne doit pas être confondue avec son autonomie, qui est « la capacité à s’administrer librement » donc la capacité à réclamer l’aide dont il a besoin pour faire, progresser, réussir… cela peut être la présence de l’AVS qui permet « d’être autonome à deux » !

 

4. Cette réalité légitimise donc :

a. l’investigation, l’expertise des enfants susceptibles de DYS…

b. le transfert aux équipes pédagogiques de tous les éléments susceptibles de permettre la compréhension fine de cet enfant singulier… pour ne pas appliquer des recettes au petit bonheur la chance…

c. la bonne mise en application par l’équipe pédagogique du plan personnalisé de compensation incluant le plan personnalisé de scolarisation qui autorise et fait obligation réglementaire à l’enseignant de sortir de la norme puisque la MDPH lui en fait l’obligation en s’appuyant sur les préconisations émanant de l’équipe pluridisciplinaire de proximité à laquelle elle a participé.

La responsabilité de l’équipe pédagogique est engagée quand elle ne met pas en application des préconisations qui font LOI et s’étendent à l’obligation de collaboration avec les professionnels soignants, l’AVS et les parents.

En cas de non mise en application d’un PPS transmis à l’école, nous sommes très clairement en situation d’omission volontaire, donc de négligence passive.

d. la dénonciation, par quiconque, des situations de maltraitance. Font partie de ces situations les violences physiques et psychiques et les négligences par omission, donc la non mise en application du PPS.

e. la formation initiale de tous les acteurs au concept de bientraitance avec au minimum, une réflexion sur la façon de s’adresser aux enfants, sur les mots utilisés, qui, inutilement blessants, dévalorisants, l’enferment dans une croyance erronée qu’il est nul, qu’il ne vaut rien et constituent bien souvent des cicatrices quasi indélébiles obérant le travail ultérieur d’enseignants, d’aidants, de professionnels qui s’épuiseront à restaurer un enfant marqué à vie par des attitudes et des mots inappropriés, incapable de restaurer une estime de soi convenable, « suffisamment bonne ». « 

 

LE CONCEPT DE BIENTRAITANCE EST AVANT TOUT

UN ETAT D’ESPRIT A PRIORI ET INEBRANLABLE

DE BONNES DISPOSITIONS ENVERS AUTRUI.

 

6 Commentaires

  1. I’m sorry, I don’t speak French <:-( .
    I'm wondering if there is any way I can get a copy of this beautiful print. It opens my heart when I look at it 🙂 .

    Thank you.

    • Of course! 😉

  2. Je diffuse ce clair et pertinent article sur ma page Facebook POTENTIALDYS et sur le site de l’association du même nom. Nous sommes un collectif de réflexion et partage autour des ajustements de l’accompagnement scolaire et nous œuvrons à la promotion de la bientraitance éducative.

    • Avec plaisir! 🙂

  3. Je suis professionnelle d’un SESSAD pour les jeunes ayant des troubles psychiques (troubles du comportement) ayant entre 3 et 20 ans.
    Nous sommes confrontés à ces difficultés de pouvoir faire appliquer les P.A.P. pour les enfants et adolescents  »DYS » dans les collèges. Manque de moyens, réticence quant à la prise en charge de la différence.
    Les préjugés sur l’outil  »ordinateur » avec la complexité de la formation à la maîtrise du clavier et des logiciels spécifiques aux programmes scolaires.
    Toutefois, depuis que je travaille au SESSAD depuis 2009, je vois une nette progression concernant l’implication des équipes pédagogiques dans la recherche d’une compréhension des troubles de leurs élèves. Notre présence, au sein des établissements scolaires est maintenant accepté et parfois même sollicité pour un travail en commun.
    Le bien-être des élèves en situation de handicap est de plus en plus recherché.
    Vos parutions ne peuvent qu’aider à cela.

  4. Je tombe par hasard sur votre site et je me rends compte que mon fils de 7 ans,dyspraxique visu-spatial ,que je viens de déscolariser pour l’enseignement en famille , a exprimé par son mal être et son refus grandissant de l’école , cette négligence passive couplée à la violence psychique .C’était en fait l’unique pédagogie que son enseignante a été capable de lui proposer …en adaptant pas ou mal le travail et les évaluations scolaire, en lui refusant l’utilisation de son matériel spécifique ,en lui refusant souvent le dialogue ,elle le mettait en situation de handicap au quotidien et c’est son handicap(pourtant déjà connu puisqu’il a une reconnaissance MDPH) qu’elle s’est évertuée à mettre en avant depuis la rentrée scolaire de septembre sans lui laisser l’envie d’exprimer ses compétences… voilà,simple témoignage parmi tant d’autres

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